Il y a ceux qui savent partir à temps. Véronique Brizon n'a pas souhaité faire l'année de trop à la direction d'ADN Tourisme. De celle qui laisse sur le carreau si l'on écoute trop les autres et qu'on ne pense pas assez à soi. Pas si étonnant quand on la connaît bien. A l'approche d'une retraite professionnelle bien méritée, Véronique a préféré partir. Elle quitte la fédération des organismes territoriaux du tourisme. Et le tourisme territorial se sent un peu orphelin.
On ignore si, en 1994, son poste de chargé de mission à la FNCDT fut son premier job après de belles études à Tours (Maîtrise Aménagement, Polytech Tours) et à Amiens (DEA Sciences administratives, Université d'Amiens). Mais une chose est sûre : Véronique Brizon a consacré sa vie professionnelle aux territoires touristiques. Comme la Reine d'Angleterre, elle en a connu des présidents et des premiers ministres, qui vont et viennent, au gré des élections, et qui ont toujours eu la bonne idée – facile à trouver au demeurant – de s'appuyer sur elle. Sérieuse, bosseuse, taiseuse... Véronique n'était pas, au premier ni au deuxième abord, une super marrante, mais une femme solide, efficace et sensible. Elle n'aimait ni les mondanités ni les familiarités, encore moins le copinage. Avec elle, on savait avec certitude que les dossiers allaient avancer. Quand Véronique est là, la confiance règne. Femme de boulot, plutôt que femme de réseau, elle a quand même été nommée chevalier dans l'Ordre national du mérite en 2009, mais quelque chose me dit qu'elle était davantage fière d'être active au sein de l'association Femmes du tourisme ou appréciée à sa juste valeur auprès des tribus nomades du Ladakh.
Véronique Brizon tenait la barre de la maison commune du tourisme institutionnel d'une main ferme et souple à la fois (le fameux gant de velours), laissant passer un sourire en coin à tous les petits malins qui jugeaient astucieux de passer directement par son président pour faire avancer leur projet ou leurs intérêts. Dix fois sur dix c'était retour à la case départ, le passage obligé, le bureau de Véronique. Végétarienne, féministe, cycliste et écolo (oui, ça fait beaucoup), elle avait parfois du mal dans un monde toujours assez macho où la chasse en meute est un sport joyeux qu'elle goûte assez peu. Véronique Brizon préférait travailler ses dossiers au calme, à tête reposée, et inspirer le respect par sa maîtrise technique et l'envie déterminée de faire avancer les choses dans l'intérêt général. Donc garder sa langue dans sa bouche quand elle estimait ne rien avoir à dire. C'est-à-dire assez souvent. Pour autant, elle savait montrer les dents pour protéger ses enfants (NDRL : ses adhérents) et défendre ses actions. Véronique, fallait pas trop la saouler non plus, surtout vers la fin.
Chère Véronique, chère auteure de la revue Espaces, chère compagnonne de route, chère amie, au nom de la revue Espaces, je te souhaite encore de belles années d'activité professionnelle (si si...), de loisirs actifs (un 2e Kilimandjaro ou un tournoi de squash en vétéran ?), de méditation, de jeûnes et de réflexion, de concerts de jazz et d'occupation en tous genres. On se doute que tu ne vas pas t'endormir, ni sur tes lauriers ni sur le sentiment légitime d'une vie de travail bien fait. Au fond, tu feras bien ce que tu veux. Comme toujours.