Tourisme et imaginaire du retour dans la diaspora judéo-marocaine

Dans sa circulation mondiale marquée par le diversification des flux et des échanges se croisent désormais des voyageurs aux identités multiples. Si les figures du migrant en quête d'un avenir meilleur et du touriste traditionnel demeurent aux antipodes l'une de l'autre, de nouvelles pratiques du voyage sont apparues sur une base « identitaire ». Le migrant s'est mué en touriste occasionnel dans son propre pays. Le culte des racines de la fin du XXème siècle, la diaporisation croissante des peuples qui entendent maintenir des liens malgré leur dispersion ont encouragé une forme de tourisme spécifique, dont la quête des origines constitue le moteur principal. Le retour au pays natal de populations expatriées depuis un ou plusieurs générations et les rassemblements d'originaires se multiplient. Ils ont favorisé l'essor de l'industrie et d'un commerce appropriés. Ils ont aussi généré un politique de développement local et patrimonial directement en prise sur le retour des émigrés, dans les pays voire dans les régions d'origine. Outre le déplacement géographique dans les territoires chargés de sens pour certains groupes, le déplacement virtuel semble désormais devoir être pris en compte comme une autre facette du même phénomène. Le nombre de sites voués à l'expression des identités collectives par delà les frontières et les distances en témoigne. Que dit cette profusion de manifestations du « tourisme identitaire » ? Quel sens, c'est-à-dire à la fois quelle direction et quelle signification, revêt-elle ?